Page:Georges Feydeau - La dame de chez Maxim.djvu/202

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La Duchesse, qui n’a pas quitté la Môme des yeux et pourtant n’a vu que du feu à tout ce jeu de scène, aussitôt celui-ci terminé, à Madame Vidauban.

Quelle charmante petite femme !

Madame Vidauban.

Charmante !

À ce moment, la Môme redescend du buffet, et, n’abandonnant pas son idée de derrière la tête, pique droit sur le duc et arrivée tout contre lui, avec un geste aussi dissimulé que possible pour les autres, elle pince de la main droite la lèvre inférieure du jeune homme et la lui agitant convulsivement : « Ouh ! ma crotte ! »
La Duchesse, à Madame Vidauban.

Et distinguée !

Madame Vidauban.

Tout à fait !

La Môme[1], lâchant le duc (qui, absolument abruti et l’air vexé, essaie de remettre en place sa bouche meurtrie par de grandes contorsions des lèvres) et allant, de l’air le plus innocent du monde, s’asseoir en face de la duchesse.

Et voilà, madame la duchesse ! Voilà qui est fait !

La Duchesse.

Oh ! chère petite madame, je suis confuse !

La Môme.

Mais, comment donc !… (L’œil en coulisse sur le duc.) Ah ! il est très gentil, votre fils ! Il me plaît beau-

  1. Mesdames Hautignol et Ponant se lèvent et, tout en bavardant, se dirigent vers le buffet.