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Scène V

LA MÔME, LE DUC, puis PETYPON.
La Môme, d’un geste brusque tourne à elle le duc peu rassuré, puis sans ambages.

Embrasse-moi !

Le Duc (1), ahuri.

Hein ?

La Môme (2).

Mais embrasse-moi donc, imbécile !

Elle est face au public et tend sa joue droite.
Le Duc, absolument annihilé.

Euh !… Oui, madame !

Il jette un regard d’angoisse vers le public puis, se décidant lentement, il tourne la tête pour embrasser la Môme sur la joue : mais, en même temps que lui ; la Môme a fait de la tête le même mouvement en sens contraire, de sorte qu’ils en arrivent à se trouver face à face et, avant que le duc ait eu le temps de s’y reconnaître, il reçoit entre les lèvres comme un coup de lancette, aussitôt sortie, aussitôt rentrée, la langue alerte de la Môme. Le duc a un petit soubresaut de la tête, puis, face au public, médusé, reste l’œil angoissé, avec un petit « mniam, mniam » dégustation de la bouche.
La Môme, le regardant, et après un temps.

Eh ben ?… C’est donc si désagréable ?

Le Duc, timidement, mais sincère.

Oh ! non, madame !