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Page:Georges Feydeau - La dame de chez Maxim.djvu/312

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Madame Petypon, abasourdie.

Quoi ?

Petypon, gagnant vers madame Petypon et jouant l’indignation.

Tu as détourné le jeune duc de Valmonté ! toi !

Madame Petypon, de toute son énergie.

Moi ! mais tu es fou ! À peine si je lui ai dit deux mots chez ton oncle ! et quels mots : (Se tournant à demi vers la gauche pour parler à un être imaginaire qui serait censé au no 1.) « Le Général n’est pas là ?… Non ? Je vais en profiter pour voir si on monte mes malles ! » (Se tournant vers Petypon.) Je ne vois pas dans ces paroles ?…

Petypon, énergiquement sentencieux.

Les paroles ne signifient rien ! C’est l’intonation qui fait tout !… (Changeant de ton.) Tu lui as peut-être dit ça d’un air provocant ! (la voix doucereuse, l’œil en coulisse, imitant censément sa femme.) « Je vais voir… (Œillade raccrocheuse.) si on monte mes malles… » (Nouvelle œillade à blanc, puis, voix ordinaire.) On peut tout dire avec la voix !… Et c’est souvent quand on ne dit rien que l’on dit le plus de choses !

Madame Petypon, presque larmoyante.

Mais je t’assure que rien dans ma voix !…

Petypon, grandiloquent.

Allons donc ! comme il n’y a pas de fumée sans feu… il n’y a pas de feu sans allumage !

Madame Petypon, même jeu.

Je te jure, Lucien, que je n’ai rien allumé !