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Page:Georges Ista La Tomate 1909.djvu/5

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des foules, dans des conditions pareilles ! Marbrerot faillit se couper à deux reprises. Il sauta trois vers, et ne sut pas graduer à son gré les grondements du premier creux de France. Aussi, pas un applaudissement n’éclata, et le public des troisièmes galeries lui-même, le vrai public pour ceux qui parlent très haut d’honneur et de vertu, le public des apaches et des filles de joie, ne donna pas le moindre signe d’emballement.

C’est alors que se plaçait la grande tirade de Marbrerot, trois cent quarante-huit vers sur le drapeau tricolore. Il devait déclamer cela en serrant le brave petit jeune homme dans ses bras, contre son cœur. Seulement, le brave petit jeune homme y mettait de la mauvaise volonté. Affalé sur le dolman trop étroit, oppressant tant qu’il pouvait le premier creux de France, malgré les coups de coude et les coups de pied, il recommençait à murmurer imperturbablement : « La Tomate, m’sieur Marbrerot… Donnez-moi la Tomate, siouplaît. »