Page:Gerbault Seul à travers l'Atlantique 1924.djvu/125

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ennemi qui descend en flammes, l’ivresse momentanée de la victoire. De retour à terre je ne suis plus, hélas, qu’un enfant qui a perdu sa mère.

Le temps ne comble pas le vide immense. Les uns après les autres mes meilleurs compagnons meurent dans les airs. L’armistice vint et je pense à ces héros qu’on oublie trop facilement, à la vanité de tous ceux qui portent trop ostensiblement les insignes d’une victoire qui n’appartient qu’aux morts, car, lorsqu’on n’a pas donné sa vie pour la Patrie, on n’a rien donné.

De nouveau, d’autres épisodes de ma vie se présentent à ma mémoire. Certains, insignifiants en apparence, ont laissé en moi une impression profonde. Je ne sais trop pourquoi, je me vois soudain reporté à trois années en arrière.