Page:Gerbault Seul à travers l'Atlantique 1924.djvu/177

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quentés par les navires. Je ne saurais décrire la lugubre et profonde tristesse de ces jours qui ressemblaient aux nuits.

La brume était si épaisse, que de l’arrière du Firecrest je ne pouvais apercevoir le mât. Les coups de sirène des paquebots m’arrivaient plaintifs et assourdis par le brouillard. Les appels des cornes de brume des voiliers résonnaient comme un glas.

La plupart du temps j’étais assoupi, cherchant à retrouver les heures de sommeil perdues, et j’attendais qu’un bruit de machines m’annonçât la proximité dangereuse d’un paquebot pour sauter sur le pont et souffler dans ma corne de brume.

Le troisième jour de brouillard je fus très près d’être coulé par un paquebot. Je pouvais entendre sa sirène et le bruit de ses machines et j’avais la sensation