Page:Germain - Œuvres philosophiques, 1896.djvu/113

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nus à exprimer la nature du sujet avec une telle précision que toutes ses propriétés sont renfermées dans notre dénnition. Mais combien la différence est grande ! Au lieu d’une équation absolue qui renferme l’objet de nos recherches tout entier, en sorte que rien de ce qui lui appartient ne puisse être étranger à cette espèce de définition caractéristique, nous connaissons seulement quelques propriétés relatives à nos sens. Que penser de la singulière assurance avec laquelle, lorsque nous avons à balancer les probabilités dans des questions qui ont si peu de prise, nous n’hésitons pourtant pas à dire : « il est évident, il est absurde ; il faut être de mauvaise foi pour ne pas convenir, etc. ». Avouons-le, la philosophie a fait des progrès réels ; mais elle doit encore subir de grands changements, si elle peut espérer d’arriver à l’exactitude.

Nous avons déjà remarqué qu’il existe en nous un sentiment profond d’unité, d’ordre et de proportions qui sert de guide à tous nos jugements. Dans les choses morales, nous en tirons la règle du bien ; dans les choses intellectuelles, nous y puisons la connaissance du vrai ; dans les