essence ; leur existence est tellement nécessaire, qu’on ne saurait même concevoir qu’ils pussent ne pas exister. L’esprit se plaît à les considérer, parce qu’il entre ainsi dans l’intime possession de l’être nécessaire ou de la vérité pure.
Partout ailleurs nous n’observons plus que des êtres dépendants, des vérités partielles. Nous cherchons l’origine de ces êtres, la vérité nécessaire dont émanent ces vérités partielles. À l’égard des objets de ce genre, nous n’éprouvons aucune répugnance à admettre qu’ils peuvent ne pas exister ; ou, ce qui est une idée semblable, nous accordons aisément qu’ils pourraient être différents de ce qu’ils sont réellement.
Cette disposition de notre esprit tient uniquement à l’ignorance où nous sommes touchant un tel ordre de choses. Aussi les progrès des sciences, en nous montrant la liaison entre des faits que nous avions crus isolés, nous forcent-ils, lorsque les uns sont constatés, à regarder les autres comme nécessaires. C’est qu’alors nous envisageons ces faits comme des parties diverses d’une même existence ; tandis qu’auparavant nous pensions qu’ils appartenaient à des unités différentes.