Page:Germain - Œuvres philosophiques, 1896.djvu/161

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mais que le repos intérieur soit troublé, les passions, aisément maintenues durant l’état de paix, viennent augmenter le trouble. Elles agissent dans mille directions à la fois ; on ne sait où elles tendent, et il est fort difficile de prévoir quel sera le résultat de leur choc.

On n’a pas encore imaginé de faire une statistique des caractères ; mais on peut être sûr qu’il y a un assez grand nombre d’hommes qui agissent toujours conformément à leurs intérêts, plus de cinquante sur cent. L’autre partie est partagée en deux portions. L’une se compose des êtres irritables pour qui les intérêts semblent toujours méprisables comparés à l’objet de leurs passions : suivant les âges et les positions, ces passions peuvent prendre des caractères différents ; mais l’amour-propre est la plus constante de toutes. L’autre portion comprend les personnes qui, esclaves de leurs habitudes, redoutent tout ce qui les en ferait sortir ; celles-ci ne connaissent ni l’ambition des richesses, ni celle de la gloire, ni les affections vives : ce sont des gens inertes.

Mais il n’existe dans la nature morte aucun corps parfaitement dur, c’est-à-dire qui ne puisse