Page:Germain - Œuvres philosophiques, 1896.djvu/225

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et il est très remarquable que, décrivant les travaux de l’académie auxquels il avait eu tant de part, parlant de découvertes que lui-même et lui seul avait faites, il ne s’est jamais nommé. Il dit toujours : on a vu, on a imaginé, et, avec une occasion naturelle et répétée de parler de lui, cette modestie qui lui fait tant d’honneur est une belle leçon.

Ici la supériorité de l’esprit doit être aidée par le travail. Il ne s’agit pas de faire avancer la science d’un pas, il faut qu’elle en fasse à la fois une infinité. Tous ces pas exigeraient un grand nombre d’hommes associés pour un seul dessein, ayant le même zèle et les mêmes vues ; ce qui est difficile ; ou, ce qui est encore plus rare, un homme seul qui compensât le nombre par le génie, qui trouvât la durée de la vie et les forces humaines suffisantes pour tout exécuter à lui seul. Un tel homme n’a pu être qu’un bienfait unique de la nature. Il a cependant été donné. On dirait que, lassée de l’importunité des hommes pendant tant de siècles, de tant de secrets surpris depuis