Page:Germain - Œuvres philosophiques, 1896.djvu/374

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nait ; cherchant sa propre image, il personnifiait les êtres inanimés, les êtres intellectuels, enfants de son imagination. Le type humain devint alors le type universel ; Sophie Germain le montre dans les œuvres de l’antiquité et au moyen âge ; au milieu même des écarts de la raison, on peut le suivre depuis les premières connaissances astronomiques, jusqu’à, la fondation de la géométrie générale par Descartes, et aux découvertes de Newton.

À propos de l’alliance entre la mathématique et les sciences physiques, il faut écouter les espérances audacieuses de Sophie Germain sur l’extension du calcul aux questions morales et politiques ; car Sophie Germain a le sentiment que les lois de l’être ne régissent pas seulement les faits qui sont du domaine des sciences cosmologiques, et qu’elles s’appliquent également à l’ordre social, et cette profonde honnêteté qui lui fait aimer la vertu au même titre que l’ordre, lui inspire, en morale, des formules évangéliques. Se fondant sur le théorème relatif à la courte durée de l’action des causes perturbatrices, elle explique comment le vrai et le juste tendent sans cesse à faire disparaître les obstacles qui s’opposent à leur manifestation. Elle démontre de même les tendances progressives à l’anéantissement des actions qui en toutes choses, en morale, en politique, troublent l’ordre naturel.

On suit avec le plus vif intérêt les rapprochements qu’elle fait entre la mécanique rationnelle et