Page:Germain - Œuvres philosophiques, 1896.djvu/395

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elle croit au progrès de la science, et dans ces paroles de d’Alembert : « Pour qui saurait l’embrasser d’un coup d’œil, l’univers serait un fait unique, une grande vérité, » elle aperçoit le but de nos travaux et le secret de nos efforts. « Il existe en nous, dit-elle, un sentiment profond d’unité, d’ordre et de proportion qui sert de guide à tous nos jugements. Dans les choses morales, nous en tirons la règle du bien, dans les choses intellectuelles, nous y puisons la connaissance du vrai, dans les choses de pur agrément, nous y trouvons le caractère du beau ; mais ces lois de notre être contiennent-elles la vérité tout entière, et le type intérieur qui nous sert de modèle et convient à notre manière de sentir, a-t-il, en dehors de nous, une réalité dont nous puissions montrer la certitude ? »

De cette question soulevée déjà par plus d’un penseur, Sophie Germain rapproche cet autre doute : « Notre logique est-elle celle de la raison absolue ou convient-elle uniquement à la raison humaine ? » Bien convaincue de l’absolutisme des nécessités logiques, elle aborde avec une consciencieuse impartialité cette discussion redoutable, énumère les objections, les expose avec une exacte précision pour les réfuter ensuite et montrer avec une logique éloquente comment nous avons pu commettre tant de méprises en portant en nous le type du vrai.

« Les sciences mathématiques, dit-elle, ont com-