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La prétendue branche du Furens. — « C’est au pied de Pila (Pilat), dit Delorme dans son mémoire de 1760, que les Romains recueillirent les eaux des rivières et du ruisseau qui descendaient à l’Occident de cette haute montagne pour les conduire à Fourvière. La rivière de Furand[1] coule vers le Midi jusqu’à Saint-Étienne, d’où elle va à l’Occident se perdre dans la Loire. Le ruisseau de Janon a sa direction vers l’Occident, et vient déboucher au-dessous de Rochetaillée, dans le lieu appelé la crase de Janon[2], et va au Nord se jeter dans le Gier à Saint-Chaumond (Saint-Chamond). La direction du Gier en descendant de la montagne tend au septentrion et passe à Saint-Chaumond, après avoir reçu Janon et Langonan, d’où elle porte ses eaux à l’Orient dans le Rhône. Le cours de Furand est plus long pour parvenir au bas de la montagne que n’est celui du Gier, et ses eaux en sont aussi beaucoup plus abondantes après la réunion d’un ruisseau qu’il reçoit au-dessus de Saint-Étienne, de même que le Gier en fournit plus que le Janon.

« Il est certain que les eaux de Janon, de même que celles de Gier furent conduites à Fourvière, et il est très probable que les eaux de Furand eurent la même destination[3] . »

L’auteur atténue un peu l’affirmation qui concerne le Furens : il faut la réduire à néant, car il est plus qu’improbable que les eaux du Furens aient jamais été conduites du bassin de la Loire dans celui du Rhône pour alimenter la ville de Lyon. L’hypothèse pouvait être émise au temps de Delorme, lequel avoue d’ailleurs n’avoir jamais fait que des recherches infructueuses pour établir son authenticité. Mais, pendant tout le cours du xixe siècle, le sol et le sous-sol entre Saint-Étienne et Terrenoire, c’est-à-dire dans la région où aurait pu passer cette branche d’aqueduc, ont été tellement fouillés et remués dans tous les sens par l’exploitation des mines, que si elle eût été réelle on l’aurait inévitablement découverte et signalée. Delorme, il est vrai, amorce un peu plus loin une autre hypothèse : « Il faut croire, dit-il, que mieux

  1. Cette manière d’écrire est employée conjointement avec l’orthographe Furens, plus rationnelle et d’ailleurs plus ancienne. La prononciation est la même : c’est en se modifiant à la française qu’elle a donné lieu au changement d’écriture.
  2. Cet endroit, au-dessus de Terrenoire, s’appelle aujourd’hui simplement Janon. Un peu plus haut est la localité de Quatre-Aigues, qui justifierait le mot de crase (mélange).
  3. Delorme, Recherches sur les aqueducs de Lyon, p. 14.