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lui, totalement dénué de références, ce qui lui enlève beaucoup de valeur. Il ne faut le consulter qu’avec circonspection, car les erreurs et les assertions sans fondement y abondent ; mais il s’y rencontre aussi des renseignements précieux que l’on devine puisés à de bonnes sources, et qu’on ne trouve que là.

Enfin, je n’aurais garde d’oublier la thèse récente de M. Ardaillon sur les mines du Laurion dans l’antiquité[1]. On y prend une idée très vivante de ce qu’était une grande exploitation et la conduite d’un immense personnel ouvrier chez les peuples anciens.

Cette question du personnel, aussi bien dirigeant qu’exécutant, ne pouvait être ici négligée. Analyser les éléments d’un projet d’aqueduc, décrire les recherches de l’ingénieur, la répartition du travail sur les chantiers, sans chercher à définir quelle était la personnalité de cet ingénieur, de ses aides, de l’entrepreneur dont il dépendait, ou qu’il dirigeait, ou qui se confondait avec lui-même, sans rien se demander sur le recrutement des ouvriers, hommes libres, esclaves ou soldats, serait une négligence presque aussi grave, semble-t-il, que de dépeindre une bataille sans rien dire de la composition des armées. Dans une étude complémentaire de celle-ci[2] j’ai essayé de définir ce qu’étaient, aux premiers siècles de l’empire romain, la science accessible à l’ingénieur destiné à diriger les travaux publics, et la formation technique qui l’en rendait pratiquement capable. Nous avons ici à considérer ce technicien à l’œuvre, depuis les opérations préliminaires de reconnaissance et de nivellement jusqu’à la mise en service des ouvrages construits. Nous chercherons à distinguer les catégories et les grades ; et pour ce qui concerne les simples ouvriers, à estimer, pour une ville de l’importance de Lyon à cette époque, la part prise à ces œuvres d’utilité publique par l’armée, puis par les corps de métiers et les esclaves.

De tels problèmes ne sauraient être — je ne dis pas résolus, car la certitude complète en ces matières est pour ainsi dire impossible à obtenir — mais proposés seulement et discutés, si l’on ne s’est demandé tout d’abord à quels moments les besoins nouveaux de la ville ont déterminé des constructions successives aussi considérables, quelles ressources, quelle organisation administrative, industrielle et commerciale, ont permis de mener à bien chacune d’elles, et comment. Il a donc paru indispensable de placer en tête de ce travail un aperçu historique rappelant les origines de Lyon, faisant ressortir les conditions

  1. Les Mines du Laurion dans l’antiquité, Paris, 1897.)
  2. Essai sur la science et l’art de l’ingénieur aux premiers siècles de l’empire romain.