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ces pierres devait être une chaux maigre, mais qui contenait en elle-même par la silice mélangée un bon élément de mortier.

En résumé, d’après l’examen de ces textes, les Romains distinguaient et utilisaient en fait de chaux :

1o Les chaux grasses, provenant de calcaires de carrière, blancs et purs, soit disposés en couches épaisses, soit fragmentaires, bréchiformes, ou lamellaires. Ils s’en servaient presque exclusivement pour la construction. Les chaux de nos aqueducs sont toutes de cette nature.

2o Les chaux maigres ordinaires, provenant de calcaires poreux, coquilliers, fossilifères, ou ayant subi à l’air libre des altérations. On les préférait pour les crépis et enduits.

Fig. 105, — Four à chaux primitif, à feu continu.
Fig. 106. — Four à chaux sommaire, à feu intermittent.

3o Les chaux maigres siliceuses, provenant de certaines meulières ou de travertins; on les appréciait probablement à cause de leur silice, pour le mortier.

Quant aux procédés de calcination de la pierre calcaire, ils ne pouvaient être en principe différents de ceux que nous employons nous-mêmes. Bien que les auteurs anciens n’en parlent pas, les deux manières, à feu continu et à feu intermittent, devaient être usitées[1]. Il est possible qu’il y ait eu des fours permanents

  1. La première (fig. 105) consiste à disposer dans un four très simple, en entonnoir, dont le fond est constitué par quelques barreaux de fer formant grille, des couches alternées de calcaire et de combustible. On fait tomber au moyen de ringards la couche inférieure à mesure que la cuisson s’achève. Dans la seconde (fig. 106), la grille est remplacée par une sorte de voûte formée pour chaque cuisson avec de grosses pierres entre lesquelles on ménage quelques vides pour donner passage à la flamme du foyer allumé au-dessous. Par-dessus la voûte, on entasse la pierre seule, en diminuant de bas en haut la grosseur des morceaux. Quand toute la charge est calcinée, on la retire en démolissant la voûte, et l’on recommence l’opération.