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Opinions opposées de Rondelet et de Belgrand. — Or, pouvons-nous assimiler vraiment la distribution romaine à celle-ci ? Rondelet prétend que oui et Belgrand soutient le contraire. D’après ce dernier, les calices ne pouvaient être des orifices de jauge. Cela viendrait de ce que les Romains n’avaient pas trouvé, pour régulariser le débit, la modification bien simple appliquée dans les châteaux d’eau modernes et qui consiste, non seulement à soumettre ces calices à une charge déterminée et constante, mais encore à les faire déboucher à l’air libre, dans ces cases dont l’usage vient d’être expliqué.

« La conduite de distribution chez les Romains, dit Belgrand[1], étant adaptée à l’extrémité du calice et se prolongeant sans solution de continuité jusqu’au domaine du concessionnaire, le produit d’un module était déterminé, non pas seulement par son diamètre, mais encore par le diamètre de la conduite d’eau qui y faisait suite, par la longueur de cette conduite, et par la différence de niveau qui existait entre le plan d’eau du château d’eau et le centre de l’orifice de sortie chez le concessionnaire. Le volume d’eau que recevaient les concessionnaires avec le même calice, variait avec ces quatre éléments. »

Belgrand estime donc qu’en raison des grandes différences de dénivellations et de longueurs de conduites dans les canalisations dépendant d’un même château d’eau, l’adaptation des calices sur une même ligne horizontale ne pouvait que très imparfaitement régulariser le débit. « Cette disposition, ajoute-il, était néanmoins indispensable. Si les calices avaient été posés à des niveaux différents, les plus élevés auraient pu n’être plus couverts d’eau en temps de sécheresse, et, par conséquent, n’auraient plus rien débité, tandis que les autres auraient fourni presque le même volume d’eau. »

D’ailleurs, une remarque de Frontin lui-même montre bien qu’il se rendait compte de la variation de débit suivant la différence de niveau.

« Meminerimus omnem aquam, quoties ex altiore loco venit, et intra breve spatium in castellum cadit, non tantum respondere modulo suo, sed etiam insuperare. Quoties vero exhumiliore, id

  1. Ouvr. cit., p. 85.