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lyonnaise, après l’érection des bâtiments municipaux, l’installation du forum et des demeures de la colline. Le souci d’un aqueduc ne leur vint assurément que plus tard.

Les eaux de Lyon avant le premier aqueduc. — Quand viendra la description du plus simple de ces aqueducs lyonnais, on verra, par l’importance des opérations techniques nécessaires à son établissement, qu’il fallait pour l’entreprendre un initiateur aussi hardi qu’expérimenté et une haute surveillance continuellement exercée sur le travail. Cela ne pouvait se trouver tout de suite. Au surplus, on peut citer de nombreux exemples de villes du monde romain devenues très populeuses et très prospères, avant d’être pourvues d’aqueducs ou de n’importe quel système d’approvisionnement d’eau régulier. Contentons-nous de rappeler Carthage[1], qui par tant de traits, sous l’empire romain, a ressemblé à Lyon. C’est en 725/29 que par les soins d’Octave elle se relève et se repeuple définitivement. L’industrie et le commerce qui jadis avaient fait sa gloire, puis étaient lamentablement tombés, y reprennent l’essor. Son port se remplit de navires. Elle devient l’entrepôt où afflue l’immense provision de blé que l’Afrique récolte pour Rome. Et pourtant ce n’est qu’un siècle et demi plus tard, en l’an 123, sous Hadrien, qu’elle peut être enfin pourvue d’un aqueduc. Or, son sol ne fournit presque pas d’eau potable : elle dut donc se contenter de l’eau de ses citernes pendant cette longue période. Lyon, garanti de la sécheresse par l’eau de ses deux fleuves, n’a-t-il pu attendre vingt-cinq ans ?

« Jusqu’à l’an 441 de la fondation de leur ville, dit Frontin[2], les Romains se contentèrent pour leur usage des eaux qu’ils tiraient du Tibre, des puits ou des sources.  » Il est vrai qu’on en était encore aux mœurs primitives et qu’on n’avait aucune idée de ces raffinements qui, plus tard, exigèrent l’eau à profusion. Celle que fournissaient les sources[3] était très pure et très bonne.

  1. V. Audollent, Carthage romaine, ch. III. — En fait de villes opulentes longtemps dépourvues d’aqueducs, citons encore Capoue, qui en eut un, pour la première fois, par les soins d’Octave et d’Agrippa après la guerre civile (Vell. Paterc, 11, 81).
  2. De aquis, 4.
  3. Des sources jaillissaient à peu près dans tous les quartiers de la ville, même les plus élevés. On en utilise encore un assez grand nombre, dont une douzaine d’un débit notable, et d’une qualité parfaite. La fontaine du Palais-Royal, par exemple, dite de Saint-Félix, donne une eau qui ne le cède en pureté et en limpidité qu’à la célèbre eau Vergine, l’eau Virgo de l’ancienne Rome.