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de ne pas fatiguer le peuple de Rome par la présence continuelle d’un maître. Mais plus vraisemblablement ce prince, en véritable homme d’Etat, comprenait que la force du gouvernement impérial qu’il fondait résidait surtout dans la prospérité des provinces qu’il s’était attribuées pour domaine, dans l’habitude que prendraient non seulement les citoyens romains des villes, mais les peuples conquis, de sentir sa main, la main du maître précisément, sans cesse étendue sur eux. Il n’oubliait pas non plus qu’il devait rester le chef militaire suprême, l’imperator, et se montrer à ses légions. D’ailleurs, une attention constante devait être dirigée par lui vers les frontières de la nouvelle province. Les forces de son lieutenant Lollius étaient alors sérieusement menacées sur le Rhin par les hordes germaniques, et il fallut l’arrivée de l’empereur avec un corps d’armée pour tenir les envahisseurs en respect. Enfin, la pacification de la Gaule même n’était pas une œuvre entièrement achevée.

Il fallait des sommes énormes pour faire face à toutes les dépenses qu’exigeaient les travaux entrepris, et c’étaient en définitive les nations soumises qui payaient. Trop souvent on obtint par la violence les sommes nécessaires, et les divers soulèvements qui éclatèrent dans les Gaules au premier siècle de l’empire eurent presque toujours ces vexations pour cause[1]. Auguste trouva le moyen d’atténuer les rancunes en flattant l’amour-propre national des Gaulois : il institua, au confluent, dans la presqu’île de Condate, des assemblées plénières périodiques des cités de la Gaule chevelue. La pompe avec laquelle il fit célébrer ces congrès semblait être un hommage rendu à la nation : en réalité, c’était un moyen adroit de les subordonner au contrôle romain. Quelque temps après, Drusus, beau-fils de l’empereur, venu pour le représenter dans l’opération du cens en 742/12, obtint de ce conseil des Trois-Gaules un vote décrétant l’érection d’un autel à la divinité de Rome et à la personne sacrée du prince.

La description de cet autel, de ses abords, des cérémonies qui s’y accomplissaient, a été faite si souvent qu’il est superflu de la refaire ici. Je rappelle seulement que l’enceinte religieuse occupait

  1. La présence de l’empereur à Lyon eut peut-être pour effet de conjurer une révolte qui aurait éclaté contre le procurateur fiscal Licinus, coupable d’exactions odieuses. Réprimandé, il paya d’audace, et Auguste l’épargna.