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en retint à Lyon quelques cohortes, pour y exécuter les grands travaux locaux qui devaient transformer la physionomie de la ville. En attribuant à son initiative et aux bras de ses soldats la construction du premier des aqueducs de Lyon, celui du Mont-d’Or, comme nous le verrons plus loin, je ne pense pas qu’on fasse une hypothèse téméraire. Il est assez vraisemblable que l’auteur des aqueducs Julia et Virgo, à Rome, ait eu lui-même l’idée de pourvoir d’un ouvrage analogue la ville dont, par la création de ses routes, il venait de faire comme le second centre de l’empire.

On a dit et répété, je ne sais pourquoi, que ce premier aqueduc fut un aqueduc municipal, se distinguant ainsi des autres qui auraient été des aqueducs impériaux. S’il y avait une distinction à faire, c’est plutôt le contraire qui serait vrai, en ce sens que la ville était pour ce premier aqueduc, moins que pour tous les autres, en état d’effectuer une telle construction par ses propres ressources d’hommes et d’argent. La réalité est qu’en tout temps les empereurs veillèrent de très près à l’organisation des travaux publics de Lyon, et qu’une grande part doit leur être attribuée dans l’exécution de ceux-ci[1], au point de vue administratif autant que pour la question financière. Et si jamais l’intervention de l’armée, par conséquent l’action impériale directe, fut nécessaire à la construction des aqueducs lyonnais, ce fut pour le premier d’entre eux. Il faut donc souhaiter que cette distinction entre aqueduc municipal et aqueducs impériaux de Lugdunum soit enfin laissée de côté.

Premier séjour d’Auguste à Lyon. L’autel et la ville du confluent. — La colonie désormais progresse à pas de géant, et trois ans ne se sont pas écoulés depuis l’arrivée d’Agrippa qu’elle est prête à recevoir l’empereur lui-même. Celui-ci y fixa pour deux années sa résidence (738/16 à 740/14, tandis que son gendre s’en allait en Syrie. Dion Cassius[2] donne plusieurs motifs de ce séjour d’Auguste en Gaule, entre autres la nécessité

  1. Il y a de nombreux exemples de l’initiative du pouvoir central pour l’établissement des aqueducs dans les colonies. Il en sera donné plus loin d’après les documents épigraphiques. Je cite ici seulement celui de Capoue, d’après un passage de Velleius Paterculus (II, 81) : « Speciosumque per id tempus adjectum supplementum Campanae coloniae (territoires concédés dans l’île de Crète), et aqua promissa, quae hodieque singulare et salubritatis instar, et amænitatis ornamentum est. »
  2. LIV. 20.