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Lugdunum, de toute la vie politique des Gaules, eut pour effet non seulement d’entourer la colonie d’un rayonnant prestige, mais encore d’accroître, dans de considérables proportions, sa prospérité commerciale et le chiffre de sa population. À ce moment, aux alentours de l’ère chrétienne, Narbonne seule, la capitale de l’ancienne province, lui dispute, au delà des Alpes, le premier rang. « Τò Λούγδουνον, dit Strabon, εύανδρεῖ μάλιστα τῶν ἄλλων πλἠν Ναρξωνος[1] »

Alors commencent à se former toutes ces corporations de négociants et d’artisans sur lesquelles les inscriptions de Lyon nous fournissent tant de précieux renseignements : les nautae ararici, rhodanici, bateliers de la Saône et du Rhône[2] ; les dendrophores, exploitants des forêts de la région, marchands de bois et en même temps prêtres de Cybèle ; les tignuarii ou tignarii, entrepreneurs charpentiers ; les fabri, c’est-à-dire d’une manière générale, tous artisans qui concouraient à la construction ; les centonarii, fabricants de tissus de laine ; les vinarii, négociants en vins, devenus rapidement très nombreux, non pas tant à cause de la culture de la vigne aux environs de Lyon qu’en vue du trafic des vins de l’Italie, de la Narbonnaise et de la vallée du Rhône, dont Lyon fut le grand entrepôt. Leurs docks, canabae, étaient installés surtout dans la partie ouest et nord de l’île d’Ainay. Enfin venaient les marchands de toute espèce, dont la liste serait trop longue à énumérer, et que les inscriptions mentionnent. Il suffit de parcourir les recueils si intéressants de A. de Boissieu ou de Allmer-Dissard, pour se faire une idée saisissante de la vie intense et mouvementée dont la ville de Lyon devait dès lors présenter le spectacle.

Tous ces corps de métiers étaient régis par des statuts fort minutieux et, d’autre part, étaient comme à Rome placés sous la surveillance très attentive du pouvoir, c’est-à-dire de l’autorité émanant directement de l’empereur. Lugdunum possédait bien, comme toute colonie, son organisation municipale : conseil des

  1. Strabon, IV, 3.
  2. On distinguait l’une et l’autre corporation, et en outre le splendidissimum corpus nautarum Rhodanicorum et Araricorum, qui n’était pas le résultat de la fusion des deux autres. À mesure que les transits se multiplièrent, elles grandirent de jour en jour en nombre d’adhérents, en richesse et en influence, si bien qu’elles formèrent comme une sorte de corps officiel, passant immédiatement après les décurions.