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décurions (ordo sanctissimus), composé de cent membres, et corps de magistrats : duumvirs, questeurs et édiles. Mais il semble bien que dès l’instant où les fonctionnaires impériaux s’y installèrent, c’est-à-dire dès que Lyon devint capitale des Gaules, les pouvoirs de ce sénat local et de ses magistrats tendirent à se restreindre beaucoup. En théorie, les duumvirs avaient, sous le contrôle des décurions, à gérer les finances locales, à faire l’adjudication des travaux publics, et à juger les procès civils jusqu’à un taux déterminé. En pratique, le contrôle supérieur des fonctionnaires du prince s’exerça si bien sur tous les actes des décurions et des autres magistrats municipaux que l’initiative de ceux-ci paraît en avoir été fort amoindrie. Aucune inscription, à Lyon comme à Carthage, dont le régime fût tout à fait analogue, ne signale une trace marquante de leur intervention, pas plus pour les travaux publics que pour tout le reste. Mais il y avait un honneur attaché à ces charges. L’élection était soumise aux suffrages des citoyens et conférait une dignité très enviée. Rome encourageait du reste cette ambition, en accordant à ceux qui étaient revêtus des dignités municipales certaines prééminences, certains avantages, surtout honorifiques. La compensation devint plus tard insuffisante, car ces charges, peu à peu, prirent le caractère de véritables fardeaux ; elles ne s’exercèrent plus sans de nombreuses dépenses personnelles ; il fallut donner des jeux, faire des largesses au peuple ; en matière d’impôt, de lourdes responsabilités pesèrent sur les malheureux magistrats, si bien qu’on dut parfois leur imposer leur dignité par la contrainte.

Mais nous n’en sommes pas encore là. L’époque d’Auguste est l’âge d’or de la colonie lyonnaise. Le pouvoir municipal subit de bon gré l’ascendant de cette autorité supérieure qui travaille au bien-être et à la fortune de la cité. Dans le palais impérial sont occupés des fonctionnaires de tout âge et de tout rang, hommes libres, affranchis, esclaves, groupés autour de leurs chefs, les procurateurs. Ceux-ci, nommés par le prince qui les tient étroitement dans sa main, accomplissent avec prompte diligence les multiples besognes qu’exige l’administration d’un grand pays qui s’organise. L’activité n’est pas moins grande à côté, à l’hôtel des Monnaies, au service duquel la cohorte en permanence est