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spécialement commise (cohors Lugdunensis ad monetam)[1]. En un mot, dans Lyon grandissant, tout travaille, tout est animé, tout s’enrichit et prospère.

Construction probable d’un deuxième aqueduc (aqueduc de Craponne). — Il est donc vraisemblable que déjà dans les dernières années du règne d’Auguste, la population, ses besoins, son industrie et son luxe aient pris assez d’extension pour nécessiter la construction d’un nouvel aqueduc. Doit-on s’attacher à démontrer qu’on avait pris d’abord les eaux les plus voisines, celles du Mont-d’Or ? Le simple bon sens indique assez qu’on ne s’avise pas d’aller chercher au loin ce que l’on trouve tout près[2]. En vertu de ce même principe, on dut songer à recueillir en second lieu les eaux du massif de montagnes le plus rapproché après le Mont-d’Or, et en commençant par le versant tourné vers la ville. C’est donc l’aqueduc de Craponne qui, selon toute probabilité, fut le deuxième en date parmi les quatre aqueducs. D’autres raisons, d’ordre technique, confirment cette hypothèse : les procédés de construction de l’aqueduc de Craponne ont avec ceux de l’aqueduc du Mont-d’Or certaines analogies de détail qu’on ne rencontre pas dans les deux autres et qui seront signalées plus loin. C’est dire que ces derniers seraient d’époques plus récentes. À défaut de preuves absolues, ces probabilités peuvent suffire.

Drusus étant mort en l’an 745/9, sur les frontières de Germanie, Auguste, qui l’année précédente était venu assister à l’inauguration solennelle de son propre culte, revint encore l’année d’après

  1. Bien qu’on attribue à Tibère la création pour Lyon de la xiiie cohorte urbaine, il est plus que probable qu’il y en avait une déjà sous Auguste (peut-être une cohorte civium romanorum, distincte des cohortes urbaines) Sous Galba, d’après Tacite (Hist, 1, 64), c’est la xviiie cohorte qui est à Lyon.
  2. Il est évident que cette règle élémentaire comporte des exceptions, quand, par exemple, les eaux éloignées sont bien plus pures, ou plus en rapport par leur abondance avec les besoins de la ville, ou encore d’une plus facile adduction. Mais aucune de ces raisons ne peut valoir contre le captage, en premier lieu, des eaux du Mont-d’Or pour Lugdunum. Pour Rome, il est bien vrai que l’eau des monts Simbruens (Anio et Marcia) fut amenée avant celle des monts Albains plus rapprochés (Tepula et Julia). Mais l’idée de dériver en amont de leurs chutes de Tibur les eaux abondantes de l’Anio, devait, par l’aspect même de ces chutes, se présenter en première ligne à l’esprit des Romains. Puis, en réparant plus tard cet aqueduc de l’Anio, le préteur Marcius Rex rencontrant de riches sources au voisinage de la dérivation, put juger avantageux de profiter pour les amener d’un tracé déjà en grande partie déterminé par l’aqueduc qu’il réparait. Ainsi fut captée l’eau Marcia. On chercherait en vain des circonstances semblables pour les eaux de Lyon.