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port qu’on percevait pour la douane le portorium, droit du quarantième sur toute marchandise importée ou exportée. Or, les signes marqués sur ces sceaux indiquent les provenances les plus variées. Mais ce n’étaient pas seulement les marchandises qui arrivaient de tous côtés. Les étrangers eux-mêmes commençaient à venir en grand nombre. Les uns étaient de passage pour traiter les affaires sur place, vendre eux-mêmes les produits de leur pays et y rapporter ceux des Gaules. D’autres se fixaient à Lyon et y tenaient magasin permanent d’objets fabriqués par leurs compatriotes. Enfin, quelques-uns même y avaient importé et y exerçaient leurs industries nationales. Les inscriptions[1] révèlent la présence à Lyon, non seulement d’Espagnols, de Bretons et de Germains, peuples voisins, mais d’Africains, de Grecs, de Galates, de Syriens, etc. Sans doute, ces inscriptions sont d’époques différentes, et un certain nombre d’entre elles peuvent se rapporter à des temps plus récents que le premier ou le second siècle après J.-C. ; mais il en est beaucoup aussi pour lesquelles on ne peut guère descendre au-dessous de cette dernière époque.

Une grande ville où les citoyens d’ancienne origine forment encore la majorité, mais qui est déjà et va être de plus en plus envahie par l’élément cosmopolite, voilà Lyon au début du iie siècle. Évidemment sa population est considérable, mais on ne saurait l’évaluer au juste, tant il y a d’inconnues dans les problèmes de ce genre. Pour Rome même, on est loin d’être fixé : M. Hirschfeld[2] pense qu’un million et demi d’habitants est bien le maximum qu’on y puisse supposer, et son opinion paraît la plus vraisemblable. Mais on trouve des écarts fantastiques entre les autres évaluations qui vont de 500 000 habitants seulement à plus de dix millions[3]. Or, si l’on a tant d’hésitations sur Rome,

  1. C.I.L., t. XIII, et Allmer et Dissard (ouv. cité), t. III, p. 66, 90, 99, 107, 108, n3, 117, 120, 121, 122, 127, 139.
  2. C.I.L., XIII, p. 249.
  3. Les écrivains de l’époque classique, Denys d’Halicarnasse, Pline l’Ancien, parlent de l’immensité de Rome, mais sans préciser. Au viie siècle, Cassiodore évalue sa population sous le règne de Claude, à 6 944 000 habitants (Variorum, vii, 6). À l’époque de la Renaissance, Vossius (De magnitudine Romae veleris, ch. vi), va jusqu’à 14 millions, tandis que Manuce (De civitate Romana, 1585) descend au-dessous d’un million. Parmi les modernes, Dureau de la Malle (Économie politique des Romains, i, 403) fixa le chiffre de 562000 habitants, et le docteur Castiglione (Monografia della città dì Roma, ii, 317 (1878), celui de 1 169 400.