Page:Germain de Montauzan - Les Aqueducs antiques, 1908.djvu/62

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 33 —

dont l’histoire est éclairée par un si grand nombre de documents, que peut-on dire de certain sur Lyon ?

Nous allons essayer pourtant de nous guider sur deux données : d’une part, la superficie et la population de la ville actuelle, et, d’autre part, la superficie connue et la population raisonnablement calculée d’une ville antique, Pompéi. Lyon occupe à l’heure qu’il est une surface de 4000 hectares environ et renferme une population de 450 000 à 500 000 habitants. Les murs de Pompéi formaient une enceinte de 2600 mètres de circuit, ce qui correspond à 50 hectares de superficie, au maximum. Or, Lyon antique, si l’on se guide sur les emplacements de tombeaux découverts un peu de tous les côtés et qui étaient au delà de l’enceinte, ne devait pas excéder de beaucoup, en y comprenant le quartier fédéral des Trois-Gaules, le quart de l’étendue actuelle, soit 1000 hectares. C’est encore vingt fois l’étendue de Pompéi. Cette dernière ville, d’après des évaluations admises, avait environ 20 000 habitants au moment de la catastrophe, en 79 après Jésus-Christ. En évaluant, proportionnellement le nombre des habitants de Lugdunum, nous atteindrons le chiffre de 400 000 peu inférieur, comme on voit, au chiffre actuel[1].

Quatrième aqueduc (aqueduc du Gier), attribuable à Hadrien. — Quoi qu’il en soit, l’affluence et le va-et-vient continuel d’étrangers produisirent à coup sûr le même effet qu’à Rome, le développement de goûts plus raffinés, l’amour excessif du bien-être et du luxe, une certaine mollesse orientale. Un des signes les plus marquants de cette mollesse fut, comme on sait, à Rome, l’accroissement prodigieux du nombre de bains et thermes, publics et privés. Il dut en être de même à Lyon, mais sans doute un peu plus tard, Rome ayant commencé à devenir ville cosmopolite dès le milieu du premier siècle. Pour répondre à ces nouvelles exigences, de même qu’à Rome on avait dû construire les aqueducs Claudia et Anio novus, de même Lyon s’imposa l’adduction d’une

  1. La population de Lyon aurait donc été presque quatre fois plus condensée qu’à présent. Ce résultat surprendra moins si l’on réfléchit que Paris n’a qu’une superficie à peine double de celle de Lyon pour une population cinq fois plus grande, et que les maisons dans les villes antiques, moins élevées, il est vrai, que les nôtres, étaient bien plus resserrées et composées de pièces bien plus étroites. Au reste, le calcul ci-dessus n’a nullement la prétention d’être rigoureux. Il s’agissait simplement de ne pas avancer un chiffre au hasard et de se fonder au moins sur quelques éléments indiscutables.