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eau nouvelle, l’eau du Gier, prise à une distance plus grande que toutes celles qui avaient été captées jusque-là. Cet aqueduc, construit avec plus de soin encore que les précédents, avec magnificence même, fut le dernier. Lyon ayant atteint son apogée sous les Antonins et ne devant ensuite que décliner, l’approvisionnement par ces quatre aqueducs devint après eux plus que suffisant.

Diverses raisons permettent, à mon avis, d’attribuer l’aqueduc du Gier non seulement à l’époque de l’empereur Hadrien, mais même à son initiative. Ce prince, que les beaux faits d’armes de sa jeunesse n’empêchèrent pas de devenir un monarque pacifique, eut pour grande ambition de connaître par lui-même, à fond, toutes les parties de l’empire et de travailler à leur prospérité. Estimant moins profitable l’extension des provinces par la conquête que leur affermissement par la sécurité et la richesse, il abandonna résolument la possession de certains districts trop éloignés, tels que les pays au delà de l’Euphrate et du Tigre[1], et s’appliqua à maintenir l’empire dans des frontières bien délimitées et bien gardées. En de nombreux voyages, il visita toutes les provinces, inspectant les services administratifs, accueillant les réclamations et les demandes, réduisant, quand il y avait lieu, les impôts et les dettes[2], relevant les exactions et les fraudes[3], entreprenant dans quantité de villes des travaux d’utilité publique ou d’embellissement[4], parmi lesquels, chose particulièrement intéressante ici pour nous, des aqueducs à l’infini (aquarum ductus infinitos)[5]. Très instruit en fait de science arithmétique et géométrique, il emmenait avec lui, dans ses voyages, un nombreux personnel d’architectes et de géomètres, qu’il traitait avec une bienveillante familiarité. Il vint de

  1. Spartien, Vita Hadriani, 5.
  2. Ibid., 6, 7.
  3. Ibid., 3, 16.
  4. Ibid., 18 : « Omnibus fere urbibus aliquid aedificavit. »
  5. Ibid., 19.