âme d’une collectivité qui grandit, s’atténua, s’atrophia. L’ère des grands accroissements et des grands travaux était passée. On ne songea plus bientôt qu’à entretenir et à réparer les ouvrages déjà existants, tels que les aqueducs. Bien qu’aucune inscription ne mentionne pour ceux-ci de détériorations et de restitutions, il nous suffit de voir, soit par le texte de Frontin, soit par les documents épigraphiques de Rome, combien de fois on dut restaurer ou même refaire sur de longs parcours les aqueducs de la métropole, pour nous convaincre que les mêmes nécessités s’imposèrent à Lyon.
De nombreux troubles politiques, au troisième siècle, détachèrent pendant quelque temps la Gaule, non pas de la domination romaine, puisque les deux races ont entièrement fusionné de sang et de mœurs, ou plutôt que les mœurs sont toutes romaines dans un peuple à moitié romain, mais du pouvoir central de Rome. La Gaule romaine commence à sentir le besoin de se défendre par elle-même des barbares qui déjà franchissent les frontières et menacent son territoire. La stabilité, la sécurité ne sont plus assurées pour Lyon, ville de commerce, à qui la confiance et la paix sont nécessaires. Et c’est la décadence qui se prépare. Les princes illyriens, Aurélien, Probus, rétablissent l’unité de l’empire et se font respecter au dehors. Mais on sait qu’Aurélien punit Lyon de ne pas s’être rallié à son autorité, et par une répression presque aussi terrible que celle que lui avaient fait subir les troupes de Sévère (273). La ville, cette fois, n’a plus assez de ressort pour s’en relever. C’est la décadence qui s’affirme. Un peu plus tard, après une nouvelle velléité d’indépendance presque aussitôt contenue par la main fermé de Probus (280), celui-ci s’avise de révoquer l’édit de Domitien qui avait interdit la culture de la vigne dans les trois Gaules. Cette fois, avec l’appauvrissement de la corporation des vinarii, l’affaiblissement de celle des nautae, que les transports de vins enrichissaient plus que tout le reste, c’est la décadence qui se précipite.
Sous Dioclétien, le reste de prestige que Lyon avait conservé par l’étendue de la province dont elle était la capitale, s’éteint tout à coup par la réforme impériale. Plus de colonies, plus de municipes, plus de cités privilégiées ; un système uniforme d’administration ; l’empire divisé en quatre préfectures, la