Page:Germain de Montauzan - Les Aqueducs antiques, 1908.djvu/90

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 61 —

profondeur réduite, est parfaitement admissible, d’autant plus que dans l’hypothèse d’un siphon, le pont qui soutenait celui-ci devait être assez haut : d’abord parce qu’il fallait éviter un coude brusque, et ensuite parce que les vestiges de piles peuvent en témoigner. Toutefois, ces vestiges ne sont pas assez nets pour permettre de les regarder tous comme des restes de piles plutôt que comme des traces de substructions ayant soutenu les tuyaux de distance en distance, ou des ruines de massifs entre des arcs rampants. Enfin, à défaut de preuves certaines, on n’ose guère se porter garant de la réalité d’un ouvrage immense de 500 mètres de longueur, avec 40 mètres de haut et trois rangs d’arcades superposées, dépassant le Pont-du-Gard[1] en hardiesse et en grandeur, quand de cet ouvrage il reste si peu de chose, et quand il s’agit d’un aqueduc dont le système de construction ailleurs apparaît plutôt modeste.

Quoi qu’il en soit de l’hypothèse à adopter au sujet de ce pont, et qu’il ait été pont-aqueduc simple ou pont-siphon, convenons seulement que l’aqueduc du Mont-d’Or, à considérer ce reste et tous les autres, a dû se construire de façon beaucoup plus hâtive que celui de la Brévenne, ou celui du Gier surtout : de là, beaucoup moins de solidité, dans les ouvrages d’art, et disparition plus complète des ruines. Le pont de Beaunant dresse encore majestueusement ses piliers couronnés d’arcades, tandis que le pont-siphon du premier aqueduc, sur le ruisseau des Planches, est totalement anéanti, et qu’on peut à peine distinguer parmi les ronces quelques racines élimées de la rangée de Cotte-Chally.

Quand on est parvenu au hameau de Bidon, de l’autre côté de la vallée, on peut savoir où se dirige l’aqueduc, en prenant des informations auprès des propriétaires de l’endroit qui ont eu l’occasion de le voir à découvert. Dans la vigne de M. Vincent, il a été trouvé à 60 ou 80 centimètres seulement au-dessous de la surface du sol ; sa profondeur, sous les dalles qui le recouvrent, serait de 0m, 60, et la cote de niveau du radier d’après cela, 280, à quelques centimètres près. De l’autre côté de la route nationale no 6, de Lyon à Villefranche, on le signale entre le village de Champagne et la limite ouest de la commune de Saint-Didier,

  1. La longueur du Pont-du-Gard est de 273 mètres, et sa hauteur maxima de 48m, 37.