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profondément encaissée, où coule le ruisseau de Limonest. Dans le fond de cette vallée, contre le mur de clôture de la propriété Cazenove, que longe le chemin de Roche-Cardon, subsiste encore le massif de fondation d’une pile d’un pont-aqueduc sur lequel la conduite franchissait la vallée, et que M. Gabut désigne sous le nom de pont de Cotte-Chally. Sur la rive droite en face, dans la propriété de M. Vincent (section E, parcelles 23 et 24 du plan cadastral de Saint-Didier), on peut encore reconnaître, au ras du sol, quelques autres traces de piles.

On s’est demandé si ce pont supportait un siphon, ou si l’eau y passait à libre canalisation, en maintenant son niveau. Cette dernière opinion est celle qu’adopte M. Gabut, qui se fonde sur les raisons suivantes : « Dans la plaine de Crécy, le radier du canal est à la cote 282 environ ; à Chevrotière, il était sans doute un peu plus bas, et, de l’autre côté du ravin, dans la plaine, entre Bidon et Champagne, le radier est à la cote 280 ; le siphon aurait, donc fonctionné sous une charge bien peu considérable. De plus, dans la propriété de M. Vincent, les vestiges de piles sont visibles jusqu’à la cote 260, 265, environ, soit jusqu’à 20 ou 25 mètres au-dessus du ruisseau qui coule dans le ravin. Le ruisseau peut être compté comme étant à l’altitude 240-242. Le radier du canal, au Bidon, est à 280 ; le pont aurait donc eu environ 40 mètres de hauteur, du lit du ruisseau jusqu’au radier du canal sur le pont-aqueduc. La longueur du pont, entre la cote 282 vers la Chevrotière, et la cote 280 vers Bidon, aurait été de 500 mètres environ, soit à la couverte sur le pont-aqueduc. L’édifice aurait donc eu au moins deux et même trois rangs d’arches superposées. Ce qui nous porte à croire à un pont-aqueduc prolongeant la ligne d’écoulement de l’eau plutôt qu’à un pont à siphons, c’est que dans la propriété Vincent on voit les vestiges de piles, étages sur le flanc du ravin, depuis le ruisseau, cote 242, jusqu’à la cote 265 environ. À ce dernier point existait véritablement une pile, et non un rampant ou un massif ; il y avait donc au-dessus de la pile une voûte, et sur cette voûte un canal[1]. »

Ces raisons ne paraissent pas décisives. Une dénivellation de deux mètres seulement, pour un siphon de faible longueur et de

  1. Revue du Lyonnais, loc. cit.