Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/110

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quand je n’y aurois pas mis, le hasard ne peut-il pas venir au devant de moi ?

Je crois en vérité que je donne dans le précieux ; ce n’est pourtant ni votre genre, ni le mien. Ceci a l’air de la carte du pays de tendre ; mais nous nous perdrions tous les deux dans ce pays-là. Vive celui-ci, si nous y étions ensemble ! Il vaut mieux être tartare que barbare, et c’est ce que vous êtes souvent pour votre cour. Souvenez-vous toujours de celui qui est le plus digne d’en être. J’aime mon état d’étranger partout, vous adorant, mais propriétaire ailleurs. François en Autriche, Autrichien en France ; l’un et l’autre en Russie, c’est le moyen de se plaire en tous lieux, et de n’être dépendant nulle part.

Nous touchons au moment de quitter la fable pour l’histoire, et l’Orient pour le Nord. J’aurai toujours pour vous le Midi dans mon cœur. Que dites-vous de ce trait piquant ? Il a du moins, vous en conviendrez, le mérite du naturel.