Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/109

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qu’il est Platon l’humain, c’est que hier, en sortant de son jardin, la princesse Galiczia lui demanda sa bénédiction, et il prit une rose avec laquelle il la lui donna.

Si j’étois un La Rochefoucault, un d’Albon, etc., je vous entretiendrois de la culture des terres et des finances de l’empire ; mais je n’ai pas l’honneur de m’y connoître. Oh ! quant aux finances, j’y al pourtant travaillé ; car je crois qu’en sterlets du Volga, veau d’Arcangel, fruits d’Astracan, glaces, confitures et vins de Constance, j’ai dépensé à la couronne une somme immense.

Demandez-en pardon à vos pédans ennemis des abus ; je suis un abus de ce pays-ci, et je m’en trouve bien et les autres aussi. Nos abus des bonnes et vraies monarchies font du bien à beaucoup de monde : et si l’on vouloit les supprimer, vous verriez renaître des Pugatcheff. Que le ciel vous en préserve !

Il me semble que je vous verrai demain ou après-demain. Voilà plus de 1800 lieues que je marche vers vous ; et il n’y a plus que 2200 pour arriver. A vous revoir donc bientôt, chère Marquise, ou à vous écrire de Constantinople, si tout ceci continue à s’embrouiller. Je ne vous dis rien de l’état de mon cœur ; le vôtre est en loterie : j’y ai mis. Que sait-on ! Et puis encore