Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/116

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L’Impératrice en est très-pressée, et voudroit que la guerre se dépêchât ; car elle ne sait pas si la Prusse ne travaille pas déjà la t*ete chaude et de travers du roi de Suède. C’est pour le coup que si, d’ici là, l’on n’arrête pas les têtes trop légères ou trop profondes de la nation françoise, et les projets impuissans des mécontens flamands, toute notre partie du monde sera embrasée. Il n’y a pas moyen d’embraser l’Asie pour sauver l’Europe. Nous avons ici des ambassadeurs persans qui viennent s’excuser, en disant qu’une révolte chez eux les empêche de déclarer la guerre aux Turcs.

Il me semble, Sire, que vous n’êtes pas plus heureux en révolte de votre côté, et que Mahmoud, bacha de Scutari, se raccommode avec la Porte.

Voilà ce que nous ont rapporté les émissaires que le prince Potemkin a envoyés dans ce pays-là ; mais je ne garantis jamais ses nouvelles, parce que c’est encore le caractère de cet enfant d’avoir de la malice.

L’autre jour je lui reprochois notre inaction. Il s’est fait arriver un courrier, un quart d’heure après, avec la nouvelle d’une bataille gagnée dans le Caucase. — oyez, me dit-il, si je ne fais rien ; je viens de tuer dix mille Circas-