Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/12

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but, sans vouloir leur imposer le despotisme d’un système ; ils étoient ainsi, ou du moins ils lui paroissoient ainsi ce jour-là. Et s’il y a de l’accord et de l’ensemble dans ses idées, c’est celui que le naturel et la vérité mettent à tout.

Un dialogue entre un esprit fort et un capucin intéresse par l’art aimable avec lequel le Prince de Ligne fait retourner la plaisanterie contre l’incrédulité, et prête sa propre grâce au pauvre capucin, qui soutient la bonne cause. On remarque dans le récit des conversations du Prince de Ligne avec Voltaire et Rousseau le profond respect qu’il témoignoit pour la supériorité de l’esprit : il faut en avoir autant que lui pour n’être ni Prince, ni grand Seigneur avec les hommes de génie. Il savoit qu’admirer étoit plus noble que protéger ; il étoit flatté de la visite de Rousseau, et ne craignoit point de lui montrer ce sentiment. C’est un des grands avantages d’un haut rang et d’un sang illustre, que le calme qu’ils donnent sur tout ce qui tient à la vanité ; car, pour bien