Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/120

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celle de Sabalscz, et une victoire suivra ces deux succès. V. M. a ordonné, et la Moldavie a été à elle. Cette conquête ne nous a coûté que deux marches, et aux Russes deux campagnes pendant la dernière guerre.

Voici une petite histoire qui vient de m’amuser. M. de Lafayette m’a envoyé un soi-disant ingénieur françois, nommé Marolle, pour commander le siège. J’entre avec lui dans la tente du Prince : avant que je lui aie présenté, et tout près de lui, l’ingénieur me crie : Où est le général ? — Le voici, lui dis-je. Il le prend par la main, et lui dit : — Bon jour, général. Et bien, qu'est-ce ? vous voulez apoir Oczakow ? — Apparemment, dit le prince. — Eh bien, dit mon original, nous vous aurons cela. Avez-vous ici Vauban et Cohorn ? Je voudrois aussi un peu de Saint-Remi, et me remettre à tout cela que j’ai un peu oublié y ou même que je n'ai pas trop su ; car dans le fond je ne suis qu’ingénieur des ponts et chaussées. — Le prince, toujours bon et aimable quand il en a le tems, se mit à rire, et lui dit : — Reposez-vous de votre voyage, ne vous tuez pas à lire ; je vous ferai porter à manger dans votre tente.

Votre Majesté m’effraie par ce qu’elle daigne m’écrire au sujet de la France et de la Flandre.