Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/124

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nous faire du bien, qui peut nmême rejaillir sur elle. Par exemple, les Grecs sont négligés par l’Imperatrice, et oublies du prince Potemkin, qui en fait attendre ici deux cents depuis plus de trois mois ; ils sont venus me dire que Votre Majesté Impériale peut compter sur eux. Je ne me suis pas compromis ; car je sais qu’on ne peut pas se fier à eux. J’ai mieux aimé perdre mon argent que mon crédit, et j’ai donné 500 ducats à un nommé Georgi, jeune homme extrêmement intelligent, qui veut amener à Votre Majesté sa petite colonie et s’établir dans le Bannat, ou même nous procurer des îles qui seroient bien utiles au commerce de Trieste.

Si mon zèle pour tirer parti de tout ; si les reproches que j’adresse aux deux maréchaux, à cause de leur inaction, élèvent quelques nuages entre nous, ils se dissiperont bientôt, car l’Impératrice sait à quel point je l’adore et l’admire. Si elle ressembloit à cette Élisabeth qu’elle a remplacée, je me raccommoderois bien aisément avec un madrigal pour elle, une chanson pour le favori, et une épigramme contre le roi de Prusse ou le roi de Suède ; mais l’ancienne bienveillance de Catherine II, et le fond d’amitié qui reste à son général pour moi, empêcheront les maréchaux de désapprouver ce qui leur déplairoit de la part d’un autre.