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Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/129

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d’artillerie et ses deux chevaux, il dit, en riant, au comte de Branickl : — Demandez au prince de Ligne si son Empereur a été plus brave à Sabatsch que moi ici. — Il est sûr que cette fausse demi-attaque fut chaude : on ne peut rien voir de plus noblement et de plus gaiement valeureux que le prince. Aussi je l’aimai à la folie ce jour-là, ainsi que trois autres jours pendant lesquels il s’exposa aux plus grands dangers ; et je lui dis que je voyois bien qu’il falloit lui tirer des boulets de canon pour lui faire passer sa mauvaise humeur.

Comme je croyois qu’on alloit employer les moyens de s’emparer de la place, c’est-à-dire une attaque de vive force, ou un siège en règle qui auroit été l’affaire de huit jours, je m’empressai de me trouver aux escarmouches, parce que je n’avois jamais vu de Spahis. Nos Circassiens en tuoient quelquefois à coups de flèche ; cela étoit fort amusant. Il nous venoit souvent aux oreilles des coups de fusil qui partoient des jardins où les janissaires se cachoient, et puis beaucoup de coups de pistolet de ceux qu’on appelle les bravi. Nous prîmes et perdîmes plusieurs fois les jardins du bacha. Le prince nous v mena un jour, pour y recevoir l’excédant des balles qui depassoient les attaquans, commandés par Pahlen. Une fois mon