Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/146

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le persécuté, quoique sa mère veuille qu’on lui fasse la cour, et qu’on lui facilite les moyens de s’amuser autant qu’il le veut. Malheur à ses amis, ses ennemis, ses alliés et ses sujets ! D’ailleurs il est extrêmement mobile ; mais pendant le peu de tems qu’il veut une chose dans son intérieur, ou qu’il aime, ou qu’il hait, c’est avec violence et entêtement. Il déteste sa nation, et m’en a dit une fois à Gatschina des choses que je ne puis répéter.

Je n’ai réussi qu’à trois choses : j’ai fait donner la flottille au prince de Nassau, qui a pris ou brûlé trente-six bâtimens, grands et petits ; tué ou noyé cinq mille hommes, et pris cinq cent soixante-dix-huit pièces de canon ; j’ai fait passer le Bog à un maréchal, et le Niester à l’autre.

Je puis mettre encore Choczim au rang de mes exploits militaires, puisque c’est à force de courriers que je l’ai fait attaquer ; et au rang de mes exploits politiques, puisque j’ai obtenu de l’Impératrice qu’elle nous en assurât la possession, quelque paix que l’on fasse.

Je prie V. A. de me conserver toujours les bontés qui, depuis mon enfance, l’ont engagée souvent à m’appeler son fils : j’aspire à ce titre par la tendresse et le respect que je lui ai voués.