Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/157

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des nouvelles, et si j’ai fait partir mon aide-de-camp, c’est parce que le comte de Choiseuil a écrit de Constantinople de faire passer bien sûrement et bien directement sa dépêche très-importante au marquis de Noailles, qui doit en faire part au prince de Kaunitz. Mon courrier s’est arrête à Laxembourg : ainsi son arrivée n’a pas fait de bruit à Vienne. Les estafettes dorment, s’enivrent ou sont assassinés. On m’a rapporte, l’autre jour, des dépêches couvertes du sang et de la cervelle d’un pauvre diable qui avoit été tué dans le Bannat.

Je vous demande pardon, Sire, de n’avoir pas eté plus inquiet de votre colère. C’est que je connois encore mieux votre justice. J’ai regretté profondément les lettres pleines de confiance et d’amitié que Votre Majesté m’écrivoit l’année dernière ; mais je n’ai pas douté du retour de ses bontés, même après l’ordre sévère de choisir pour mon quartier d’hiver ou Belgrade, ou Esseck, ou Petervaradin, au lieu de me permettre d’aller à Vienne remettre ma santé. Je me suis dit : un voyage qu’un de mes aides-de-camp a fait mal à propos dans les Pays-Bas, au plus fort de la révolte, fait croire peut-être à Sa Majesté que j’y étois pour quelque chose, et que j’avois quelque rapport avec les mécontens : cala ne sera pas long. Sa Majesté se res-