Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/161

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très-difficile à conquérir à cause des châteaux d’une féodalité Musulmane dont le nom est ignoré, on n’en seroit pas plus riche. Contentons-nous de Dubilza, Novi, Sabacz, Belgrade et Choczim, et que la Russie se contente d’Oczakow. Courons au plus pressé ; qu’on éteigne l’incendie des Pays-Bas, et qu’on prévienne celui de la France ; bientôt il n’en sera plus tems.

On ne peut penser à rien à Pétersbourg que quand on est en paix avec Constantinople. Le jour qu’on y apprit que Bulgakoff étoit aux Sept-Tours, l’Impératrice en étoit presque fâchée. C’est une souveraine pour l’histoire bien plus que pour le roman, quoiqu’on ne le croie pas. Le prince Potemkin, qui tenoit à l’une et à l’autre, est bien revenu du roman.

La France sera punie par où elle a péché ; elle sera punie d’avoir fait révolter l’Amérique, et d’avoir accoutumé la Turquie à l’inimitié avec l’Autriche. Les pauvres Turcs, peu au fait de ce qui se passe en Europe, croient peut-être qu’ils seront soutenus par leurs alliés ; et les Anglois se repentiront de ne pas appuyer le trône du malheureux et vertueux Louis XVI. Mon Dieu ! que je plains la pauvre reine aux Tuileries ! Tous les détails que Votre Excellence me donne de cette arrivée à Paris m’ont fait fondre en larmes.