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Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/160

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d’avoir cru peut-être que je m’intéressois à la révolte belgique ; car je m’imagine que c’est pour cela que je suis ici dans une espèce d’exil. Comme il revient aisément des impressions qu’il prend, je suis sûr qu’il me fera sortir bientôt de cette situation, en rétractant l’ordre de choisir pour mon quartier d’hiver Belgrade, Esseck ou Petervaradin.

Si j’y reste, je m’en vengerai en refaisant ce qu’on appelle le chemin du prince Eugène, une belle communication de Semlin à Belgrade, en achevant en Syrmie un canal commencé par les Romains : j’y emploierai tout mon corps d’armée.

Le Tefterdar que j’ai eu chez moi en otage, et qui, oubliant Mahomet, a fait semblant de prendre le vin d’Hongrie pour du sorbet, m’a dit l’autre jour quel étoit l’acharnement des ministres de Prusse et d’Angleterre pour faire continuer la guerre.

Ces deux puissances, par une politique infernale et mal entendue, veulent faire perdre les Pays-Bas à la maison d’Autriche ; et l’Angleterre veut faire perdre la France à la France. Qu’on se dépêche à Vienne de conclure la paix. Je sais que les femmes, les abbés et les oisifs d’une grande ville ne la veulent jamais ; mais quand même on auroit toute la Bosnie,