Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/167

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de vitres, il n’y avoit pas de papier et point de châssis.

Séparé du monde entier, sans lettres à écrire ni lettres à recevoir, excepté par les courriers que j’enverrai lorsque j’aurai quelque chose à dire, je chasse le souvenir de ce que j’ai laisse à douze cents lieues, et je me fais des romans de succès dans un autre genre.

Je me dis quelquefois : les bals de la Reine commencent peut être aujourd'hui ; oui, mais nous chasserons peut-être demain les Tartares qui peuvent passer le Bog, car il est gelé : cette rivière s’appeloit autrefois Hypanis. Quel beau nom pour l’histoire ! L’Ingul même, qui passe près d’ici, est plus piquant que la Seine.

Jouissez de la présence réelle, du bonheur ineffable d’admirer et de voir de près Catherine-le-Grand. Je n’ai pu la quitter que pour elle. Je vais combattre ses ennemis, et je ne la laisse pas au milieu des miens.

Dans quelques jours je continuerai ma lettre : comme les jours sont longs ici, cela veut dire dans quelques mois ; et de même en disant nos voisins, nous entendons ceux qui demeurent à quelques centaines de lieues de nous.