Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/191

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la poignée creusée, pour appuyer le fusil et bien viser. Un sabre inspire l’élan du courage au moment où l’on le tire du fourreau. Que l’on fonce sur l’ennemi, ou que l’on saute dans un retranchement, le fusil en bandoulière : car on a souvent alors besoin des deux mains.

On m’avoit dit que les Turcs combattoient les bras nus, pour les avoir plus libres, et mieux faire sauter les têtes. Je le crois bien : ils n’ont ni chemise, ni bas, souvent même ils n’ont pas de souliers, et, à la réserve d’un petit gilet et d’une grande culotte, ils sont nus tout-à-fait, sans doute pour être plus lestes dans les grandes chaleurs des pays où ils font la guerre. Mais comme la réflexion n’est pas leur fort, ils ne s’habillent pas autrement dans les plus grands froids, quand on les enferme dans leurs villes, ou quand on fait une campagne d’hiver.

Lorsque notre soldat sera plus léger, plus beau, plus paré, plus élancé, plus tôt vêtu, et avec les cheveux en tresse ou retroussés, il sera bien plus brillant un jour de bataille. Il aura l’avantage sur les Turcs, qui ont mal à propos un fusil bien long, deux ou trois pistolets, deux sabres et un poignard ; et sur les Chrétiens, qui se servent d’armes gênantes dont je voudrois les débarrasser.