Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/192

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Ayons des tentes aussi bien entendues que celles des Musulmans, la même foi à la prédestination, s’il est possible, et tâchons de donner de même des outils à la cavalerie, qui, allant plus vite que l’infanterie, construit les retranchemens, afin que celle-ci, en arrivant, n’ait qu’à les garnir en s’y campant.

Qu’il soit défendu à l’armée de prononcer Néboïssê, ce mot qui veut dire : n’ayez pas peur, et que les Turcs, qui n’ont pourtant pas l’air plaisant, prononcent en coupant la tête. J’ai remarqué qu’il fait un effet étonnant sur les Chrétiens. D’ailleurs cette coutume de couper les têtes ne fait pas grand mal aux morts, et fait quelquefois grand bien aux blessés : elle doit empêcher du moins qu’on ne se rende prisonnier.

Qu’on en parle une fois, si l’on veut, au soldat, pour lui faire concevoir ce que je viens de dire : et puis qu’il n’en soit plus jamais question. Qu’on le prévienne des hurlemens des Infidèles, et de leurs caracolades, inutiles pour nous et nuisibles pour eux : avec mon ordonnance, nous pourrons, sans crainte, nous laisser entourer de ces nuages de Spahis, qui bourdonnent autour de nous comme des guêpes. Cela ne sert qu’à fatiguer leurs chevaux ; et, après leur avoir laissé faire leurs