Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/194

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sont tout à la fois l’ennemi le plus dangereux et le plus méprisable qu’il y ait au monde : dangereux si on le laisse attaquer, méprisable si on le prévient. Sur les hauteurs comme dans les bois, ils ont jusqu’à présent l’avantage sur nous, parce qu’ils courent à l’attaque avec confiance, sachant que nous n’en avons pas en nous-mêmes quand nous sommes ainsi postés. Nos soldats, allégés comme je le propose, se tireroient aussi bien d’affaire que les Turcs. Ceux-ci ne sont pas en état de connoître l’avantage de leur position, ou si par hasard ils le sentent, ils seront étonnés de s’y trouver attaqués : on aura alors aussi bon marché d’eux qu’en plaine. Je crois que le grand art, dans une guerre comme celle-ci, est d’étonner et de frapper des coups inattendus.

Ils ne connoissent que deux ruses de guerre, et se croient bien fins quand ils les emploient. L’une est de faire tirer tous les canons en signe de réjouissance d’une prétendue bataille qu’ils ont gagnée, ou d’une ville qu’ils ont prise, je ne sais où ; et l’autre, de faire prendre un de leurs courriers avec la fausse nouvelle que 20 ou 30 bachas arrivent pour les renforcer de 2 ou 300,000 hommes. En compensation de ces deux enfantillages, ils ont deux usages excellens : l’un, c’est de faire retrancher leurs camps par