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Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/193

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courbettes, leurs sauts, leurs lançades, leur espèce de manège et de croupe au mur, ils ne sont plus en état de résister à une attaque. C’est comme cela que les Turcs estropient tous leurs chevaux, et qu’au bout de deux heures ils sont sur les dents. C’est aux housards et aux cosaques à les exciter à ce manège en les agaçant. En général, je crois qu’il ne seroit pas mauvais d’attaquer l’infanterie. Les janissaires chargent si lentement qu’ils n’auroient pas le tems de faire une seconde décharge. Quand même des fantassins blessés, ou fatigués, ou en désordre, seroient attaqués par des Spahis dans une plaine, ils n’ont qu’à se réunir quatre ou cinq, se mettre dos à dos, présenter la baïonnette, et se retirer ainsi ; il est impossible qu’ils soient sabrés. Il faut vis-à-vis de toutes les troupes du monde, conserver sa tête, mais sur-tout vis-à-vis de ces gens-ci : car si on la perd au moral, c’est alors qu’on la perd au physique. Tout ce qu’on dit de leur opium et de la fureur qu’il inspire, est un conte. Peut-être que les officiers s’en servent quelquefois, mais il est trop cher pour le simple Turc, et je n’en ai jamais vu qui en eussent pris.

La mine et le costume des fiers Ottomans sont plus respectables que l’air gêné et souvent le mauvais visage des Chrétiens. Les Turcs