LETTRE VIII.
Ton ami respirant du fracas des conquêtes,
Parlera des Boyards qu’il invite à ses fêtes.
JE comptois vous faire une belle relation d’une victoire aisée à remporter sur le Sultan Gheraï, prince in partibus de la Crimée, sur Ibrahim Nazir, et sur le seraskier d’Ismael. Les Turcs, qui ont toujours, ainsi que le gibier, les mêmes passages et les mêmes retraites, se rassemblent au commencement de chaque guerre dans le camp de Robaiaï-Mohilaï, camp fameux, à la vérité. Cette fois-ci ils ont eu l’adresse de l’occuper tout de travers, et y auroient été facilement pris et battus si l’on avoit voulu. J’avois compté sur la fête de saint Grégoire, patron du prince. Mais je suis toujours vox clamans in deserto.
Je pourrois vous envoyer un portrait aussi piquant que les autres, mais je le garde pour moi. Les 15 ou 20 mille hommes qu’on faisoit passer pour 50, viennent de partir. Je me