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LETTRES

A l’Impératrice de Russie


le 21 février 1790.


IL n’est plus, Madame ; il n’est plus, le prince qui faisoit honneur à l’homme, l’homme qui faisoit le plus d’honneur aux princes. Ce génie ardent s’est éteint comme une lumière dont l’enveloppe étoit consumée ; et ce corps actif est entre quatre planches qui l’empêchent de se remuer. Après avoir accompagné ses restes précieux, j’ai été un des quatre qui l’ont porté aux capucins. Hier je n’aurois pas été en état d’en rendre compte à Votre Majesté Impériale. Joseph II est mort avec fermeté, comme il a vécu : c’est avec ce même esprit méthodique qu’il a fini et commencé. Il a réglé le cortège qui devoit accompagner le St. Sacrement qu’on portoit à son lit de mort. Il s’est levé pour savoir si tout étoit comme il l’avoit ordonné. Quand le coup le plus accablant pour lui, le dernier coup du sort[1] mit le comble à ses malheurs, il demanda : — Où mettrez-vous le corps de cette Princesse ? — On lui répondit,

  1. La mort de l’archiduchesse née Vurtemberg.