Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/225

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à la Chapelle. — Point du tout, dit Joseph II, c’est ma place, on seroit oblige de la déranger : mettez-la dans un autre endroit où elle soit exposée tranquillement. —

Ces détails me donnent de la force : je ne croyois pas pouvoir continuer un tel récit. Il choisit et régla les heures pour les prières qu’on lui lisoit. Tant qu’il le put il en lut aussi lui-même quelques-unes, et en accomplissant ses devoirs de chrétien, il avoit l’air d’arranger son ame comme il avoit voulu tout arranger lui-même dans son empire. Il a fait baron le médecin qui lui dit la dernière vérité ; il l’aimoit tant qu’il le pria d’accompagner sa pompe funèbre jusqu’au tombeau ; il lui demanda de lui déclarer le jour et presque l’heure où il devoit y descendre, et le médecin ne prédit que trop juste. L’Empereur me dit, peu de jours avant sa mort, et à mon arrivée de l’armée de Hongrie que j’avois menée en Silésie : — Je n’ai pas été en état hier de vous voir. Votre pays m’a tué ; Gand pris a été mon agonie, et Bruxelles abandonné, ma mort. Quelle avanie pour moi ! (Il répéta plusieurs fois ce mot.) J’en meurs : il faudroit être de bois pour que cela ne fût pas. Je vous remercie de tout ce que vous venez de faire pour moi, ajouta-t-il. Laudon m’a dit beaucoup de bien de