de frivole dans sa tête : il est comme Pierre I, il permet qu’on le contredise ; il ne s’offense point de la résistance à son opinion, et veut convaincre avant d’ordonner. —
S’il suffisoit pour obtenir le nom de grand, d’être incapable de petitesse, on pourroit dire Joseph-le-Grand ; mais je sens qu’il faut plus que cela pour mériter ce titre ; il faut un règne glorieux, éclatant, heureux ; d’illustres exploits de guerre, des entreprises inattendues, de superbes résultats, et peut-être des fêtes, des plaisirs et de la magnificence. Je ne sais pas plus flatter après la mort que pendant la vie. Les circonstances ont refusé à Joseph II de brillantes occasions pour se faire connoître. Il ne put pas être un grand homme, mais il fut un grand Prince, et le premier parmi les premiers. Il ne s’abandonna point à l’amour ni à l’amitié, peut-être parce qu’il s’y sentoit trop porté ; souvent il mêla trop le calcul aux affections : il s’arrêta sur la confiance, parce qu’il voyoit d’autres Souverains trompés par leurs maîtresses, leurs confesseurs, leurs ministres ou leurs amis. Il s’arrêta, sur l’indulgence, parce qu’il vouloit avant tout être juste : il se fit sévère malgré lui, en