Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/233

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Lettre de Joseph II, le jour de sa mort.


Vienne, le 19 février.


MON cher Maréchal Lacy, l’impossibilité seule qui m’empêche de tracer ce peu de lignes de ma main tremblante, m’engage à me servir d’une main étrangère. Je vois approcher à grands pas le moment qui doit nous séparer. Je serois bien ingrat si je sortois de ce monde sans vous réitérer ici, mon cher ami, tous les sentimens de reconnoissance que je vous dois à tant de titres, et que j’ai eu le plaisir de faire valoir vis-à-vis de toute la terre. Oui, si je suis devenu quelque chose, je vous le dois, car vous m’avez formé, vous m’avez éclairé, vous m’avez fait connoître les hommes, et, outre cela, toute l’armée vous doit sa formation, son crédit et sa considération.

La sûreté de vos conseils dans toutes les circonstances, cet attachement personnel pour moi qui ne s’est jamais démenti dans aucune occasion, petite ou grande, tout cela fait, mon cher Maréchal, que je ne puis assez vous réitérer mes remercîmens. J’ai vu couler vos larmes pour moi : celles d’un grand homme et