Page:Germaine de Stael - Lettres et pensées du maréchal prince de Ligne, Paschoud, 1809.djvu/242

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que le Prince, c’est-à-dire mes genoux ; ensuite j’écris à Votre Majesté ce qui me passe par la tête ; si c’étoit ce qui me passe dans l’ame, ce seroit une expression de sensibilité ou d’admiration qui l’ennuieroit : et comme l’ennui est le seul souverain dont elle ait peur, c’est le seul avec qui je lui conseille un statu quo ; elle ne sait pas ce qu’elle peut avoir à craindre de moi. Ma mémoire, malheureusement pour la modestie de Votre Majesté Impériale, est excellente. Je me souviens de mille choses plus simples, plus gaies, plus naïves, plus sublimes les unes que les autres. Parmi celles-ci, il y en a une que moi, administrateur d’une grande province (grande pour ce petit reste d’Europe qui n’est pas votre empire), je me rappelle sans cesse : j’ai pour principe de louer tout haut et de gronder tout bas. Mes nuances sont moins fines : je lave les têtes qu’on auroit dû couper ; et assez dur en particulier vis-à-vis de certaines personnes, je suis doux pour elles lorsqu’on pourroit m’entendre.

C’est encore, grâce à cette mémoire, que je me rappelle les conseils que Votre Majesté a donnés à son illustre frère, courtisan et admirateur de Joseph II, à Sébastopol. Je ne suis pas suspect de ne pas aimer et même ad-